Plantes ornementales biologiques : des chercheurs canadiens voient plus loin que les aliments biologiques
Centre d'agriculture biologique du Canada
Un nombre croissant de Canadiens choisissent des aliments biologiques pour leurs foyers et payent souvent un prix plus élevé pour cela. Bien que les fleurs, plantes d’appartement ou plants repiqués de jardin biologiques ne présentent pas les avantages directs pour la santé des aliments biologiques, ils ont de nombreuses caractéristiques bénéfiques, notamment leur empreinte écologique plus légère que celle des végétaux ornementaux standard.
Des chercheurs de l'Université Laval à Sainte‑Foy (Québec) et des scientifiques du Centre de recherche et de développement en horticulture d'Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) à Québec travaillent avec des partenaires de l'industrie serricole pour mettre au point un système de culture en serre durable et biologique pour les boutures et les plantes en pot ornementales. Pour un complément d’information sur l’équipe de recherche, les partenaires et le projet, voir la page Production de boutures et de plants en pot.
Le système pourrait ensuite être utilisé par des exploitations serricoles commerciales là où la demande de plantes ornementales cultivées biologiquement augmente. Les travaux ont lieu sous les auspices de la Grappe scientifique biologique (GSB), initiative de collaboration dirigée par le Centre d’agriculture biologique du Canada (CABC) et la Fédération biologique du Canada (FBC).
La production en pépinière de fleurs coupées, plantes en pot et boutures ornementales de jardin comporte un certain nombre de défis pour les agriculteurs canadiens. Même lorsqu’ils font pousser leurs plantes dans les conditions protégées d’une serre, ils peuvent éprouver des difficultés liées à l’éclairement et aux températures, à la fertilité du substrat et la répartition des nutriments ou aux maladies et ravageurs. De plus, l'échéancier à respecter pour produire certaines récoltes à un moment précis de l’année (p. ex., les poinsettias à Noël et les roses à la Saint‑Valentin, pour ne citer que deux produits dont la commercialisation est très sensible au temps) les oblige à placer les plantes sous des lampes pour optimiser la croissance ou à fournir davantage de chaleur aux plantes pour les cultiver au printemps, en automne et en hiver.
Les consommateurs de fleurs coupées ou de plantes en pot s’attendent à des fleurs et un feuillage parfaits, c.‑à‑d. des produits exempts de défauts. Par conséquent, il est impératif de maîtriser les maladies et les méthodes de manutention.
Un milieu de culture et un programme nutritionnel adaptés, ainsi que des traitements préventifs ou curatifs des maladies et des infestations de ravageurs sont également requis.
Lorsqu’un producteur cible le marché biologique, il doit se plier à des exigences supplémentaires et recourir à des solutions conformes aux normes biologiques : les milieux de culture, les fertilisants et les amendements convenant à la culture considérée et la gestion des maladies et des ravageurs doivent être non seulement approuvés, mais aussi efficaces. Les chercheurs interviennent alors pour aider les agriculteurs biologiques canadiens à optimiser leurs systèmes de production.
L’équipe de recherche de la GSB travaille sur sept facettes distinctes du projet. Elle examine et teste divers contenants biologiques pour évaluer leur pertinence dans un système de production biologique en fonction de leur durée de vie, durabilité, facilité d’utilisation, coût unitaire et empreinte écologique (selon que les contenants sont recyclables ou compostables).
Les cultures ont besoin d’un substrat conçu pour une croissance optimale; les chercheurs utilisent des milieux préfabriqués et testent en outre leurs propres formules de culture en pot.
Pour les besoins de fertilisation et d’approvisionnement en eau des plantes de serre, ils mettent au point des programmes de libération biologique des nutriments et de l’eau. Ils étudient également les effets de stimulateurs de croissance végétale autorisés en régie biologique, comme certaines bactéries du sol, sur la croissance et la qualité des plantes.
Toutes les installations de production en serre, même les plus perfectionnées, peuvent connaître des épisodes de maladie et d’infestation par des ennemis des cultures. L’équipe de la GSB étudie des systèmes de lutte biologique contre les ravageurs, tels la mouche blanche des serres et les pucerons, et les maladies fongiques, bactériennes et virales.
Peu de données sont disponibles pour l’instant sur l’intérêt ou la demande des consommateurs envers les plantes et fleurs ornementales biologiques, mis à part le succès de plusieurs cultivateurs et détaillants dans d’autres contextes géographiques. L’équipe de recherche effectue actuellement un sondage pour évaluer cet intérêt, car les producteurs souhaitent connaître les possibilités économiques et environnementales de la production, afin de motiver ou de confirmer leurs investissements dans de nouvelles infrastructures ou techniques de culture.
La dernière facette des travaux de recherche compare les caractéristiques économiques et environnementales d’un système biologique de production de végétaux ornementaux à celles d'un système serricole conventionnel. Lorsque les travaux seront terminés, les chercheurs espèrent pouvoir fournir des conseils en matière d’optimisation de systèmes culturaux, afin d’aider pépiniéristes, fleuristes et consommateurs à devenir encore plus « verts » qu’ils ne le sont déjà!
Cet article a été rédigé par Jodi DeLong pour le CABC grâce au soutien financier de la Grappe scientifique biologique du Canada (une partie de l’Initiative de grappes agro-scientifiques canadiennes du Cadre stratégique Cultivons l’avenir d’Agriculture et agroalimentaire Canada. La Grappe scientifique biologique est le fruit du travail de coopération accompli conjointement par le CABC, la Fédération biologique du Canada et les partenaires de l’industrie.