Activité 21
Nouvelles tactiques de lutte contre le ver fil de fer dans les cultures de légumes
Le ver fil de fer est une larve qui vit sous terre et nuit sérieusement aux cultures. Ne disposant pas de produits pour lutter contre celui-ci, l’agriculture biologique est particulièrement vulnérable; les pertes économiques causées par cette larve aux fermes biologiques sont conséquentes. Pour donner une idée de l’ampleur du problème, les pertes de récolte touchant la pomme de terre non biologique de l’Île-du-Prince-Édouard (pour laquelle des pesticides sont utilisés) sont estimées à 6 millions de dollars par an. Des producteurs de légumes à petite échelle de la Colombie-Britannique font état d’importantes pertes de récolte ou de leur incapacité à cultiver des produits vendables. Des produits antiparasitaires et des techniques agricoles spécifiques seront développés pour traiter le problème du ver fil de fer dans les petites cultures de légumes biologiques. Cela permettra de lutter contre ce ravageur et de faire croître le secteur biologique.
Le développement naissant de nouveaux produits phytosanitaires donne espoir aux cultivateurs biologiques : i) Des moyens de lutte biologique, des bioproduits phytosanitaires et des schémas d’application spécifiques novateurs ont été utilisés avec succès en Europe et de manière expérimentale au Canada; ii) De nouvelles formules et utilisations des substances sémiochimiques sont prometteuses pour créer de la confusion sexuelle chez les taupins adultes et procéder à du piégeage de masse. Le but est de développer complètement ces produits et des recommandations pour leur usage, en tirant parti de la technologie existante et nouvellement mise au point, pour que les agriculteurs biologiques puissent avoir accès à des produits antiparasitaires afin de combattre les infestations de vers fil de fer.
Plusieurs décennies d’expérience de recherche sur le ver fil de fer et de publications scientifiques ont démontré que la culture, entre autres pratiques agricoles, affecte les populations de ce ver par son action sur plusieurs stades de son cycle biologique : larve (nouveau-né et stades subséquents), pupe, œufs et adultes. Les agriculteurs biologiques s’adaptent particulièrement bien aux nouvelles techniques culturales, et à partir des résultats de la présente étude, il sera possible de proposer de nouvelles pratiques culturales pour gérer le ver fil de fer directement, en préservant ses ennemis naturels.
Les infestations de vers fil de fer seront traitées suivant une approche multifacette qui développera une palette de produits et de pratiques ciblant tous les stades du cycle biologique du parasite. La lutte biologique utilise la souche LRC112 du champignon Metarhizium brunneum et les excréments toxiques de la mouche soldat noire pour cibler les vers fil de fer et éviter qu’ils ne s’attaquent aux cultures transplantées. Les deux agents biologiques exploitent une spécificité importante du ver fil de fer : son attirance pour le dioxyde de carbone (CO2). Ils sont donc appliqués ensemble avec une matière génératrice de CO2. Les vers seront attirés par des leurres chargés de substances antiparasitaires pour un meilleur ciblage. Le piégeage de masse repose sur les phéromones de la forme adulte du ver fil de fer, soit le taupin. Les phéromones attirent d’innombrables taupins mâles. Sans mâles pour féconder les femelles, la ponte et le renouvellement des larves de ver fil de fer cessent. La confusion sexuelle tire parti des phéromones sous forme granulaire. L’application généralisée de granules de phéromone désoriente les taupins mâles, qui ne trouvent plus les femelles, ce qui donne le même résultat que le piégeage de masse.
Le développement de pratiques culturales complétera l’utilisation des bioproduits. Les cultures-pièges sont des rangs uniques de culture sacrifiée, par exemple du blé, plantés dans la culture alimentaire pour attirer et concentrer les vers fil de fer, protégeant la culture alimentaire. Le savoir populaire mentionne souvent des techniques culturales comme le travail du sol en temps opportun pour tuer les œufs de taupin et les jeunes larves afin de réduire les populations de vers. Les travaux de recherche visant à tester ces techniques aideront à comprendre comment et pourquoi elles fonctionnent, en jetant les bases de leur perfectionnement en résultats de lutte antiparasitaire prévisibles et fiables. L’étude de ces pratiques couvrira leur effet sur les ennemis naturels du ver fil de fer, tels certains coléoptères bénéfiques vivant dans le sol, ajoutant la lutte antiparasitaire de conservation aux méthodes de gestion des ravageurs. Les périodes de plantation et de récolte seront déterminées de manière à éviter les périodes d’alimentation intense du ver fil de fer et de dommages aux cultures.
Bien qu’il puisse sembler évident et simpliste d’empêcher mécaniquement les vers fil de fer de manger des cultures de grande valeur comme les tomates et les melons, entre autres cucurbitacées, des méthodes pratiques doivent être définies et mises au point pour les agriculteurs. Les paillis de plastique et d’autres méthodes mécaniques de protection des cultures seront indiqués, avec des recommandations pour les utiliser dans l’environnement concret d’une ferme.
L’accent mis sur l’engagement des cultivateurs, la formation des étudiants et du personnel et le transfert des connaissances servira à faire progresser ces pratiques de lutte antiparasitaire durables, qui visent à lutter efficacement contre le ver fil de fer tout en soutenant une santé optimale de l’environnement et de l’humain.
Résumés des rapports de recherche [PDF 2.25 MB]
Matériaux et résultats
- Early application of Metarhiziumbrunneumfor managementof wireworm in popcorn, Zea mays var. everta.
- Poster presentation, James Reinert, 2020
Chercheurs de l'activité
Nom du scientifique ou du membre de l'équipe d'experts techniques à l'extérieur d'AAC (effectuant des recherches) | Organization |
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Mike Bomford | Kwantlen Polytechnic University |
Stefan Vidal | Georg-August University (Göttingen, Germany) |
Anant Patel | University of Applied Sciences (Bielefeld, Germany) |
Jenny Cory | Simon Fraser University |
Nom du scientifique ou du membre de l'équipe d'experts techniques d'AAC (effectuant des recherches) | AAC Location |
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Todd Kabaluk | Agassiz |
Wim van Herk | Agassiz |
Paul Abram | Agassiz |
Beth McCannel | Agassiz |
Peggy Clarke | Agassiz |
Partenaires contributeurs
Amara Farm
Fraser Valley Organic Producers Assoc.
Lower Mainland Hort.Improv. Assoc.
Mid-Island Farmers Institute
Univ. of Applied Sciences
KPU