Réussir de mieux en mieux à réduire les émissions de GES
Centre d’agriculture biologique du Canada
Les systèmes agricoles biologiques produisent généralement moins d’émissions de gaz à effet de serre (GES) que les fermes conventionnelles, principalement parce qu’ils n’utilisent pas d’engrais azotés synthétiques.
Mais les agriculteurs biologiques pourraient faire encore mieux s’ils accroissaient l’efficacité de leur production par des stratégies déployées tant au niveau de la ferme que de l’ensemble du secteur.
Le principal objectif d’une récente étude de recherche est « d’identifier les changements tant à la ferme qu’au niveau du système qui entraîneront une plus grande efficacité énergétique et une réduction des émissions des GES. »
Les stratégies sont regroupées en schémas d’efficacité-substitution-restructuration, qui vont du plus simple au plus complexe.
Par exemple, le fumier est une source importante de méthane (CH4), l’un des gaz à effet de serre. Une stratégie basée sur l’efficacité entraînerait des changements mineurs dans les opérations existantes, telle la réduction de l’aire de la surface d’un tas de fumier. Une stratégie de substitution consisterait à améliorer les techniques d’application du fumier afin de minimiser les pertes. Dans le cas d’une stratégie de restructuration, les animaux passeraient plus de temps à l’extérieur et le fumier serait déposé principalement dans les champs lorsque cela s’avère nécessaire.
Une gestion appropriée du fumier peut jouer un rôle important dans la réduction du méthane, déclare Rod MacRae, auteur principal de « Améliorer les potentiels d’efficacité énergétique et de réduction des GES dans les systèmes agricoles biologiques canadiens », publié dans le Journal of Sustainable Agriculture.
Les autres sources importantes d’émissions de GES provenant du milieu agricole sont : le dioxyde de carbone (CO2), depuis la décomposition du carbone dans le sol, l’oxyde nitreux (N2O), principalement par l’utilisation inadéquate des engrais azotés (N) qui libère l’azote dans l’air et dans l’eau.
“En général, il y a trois catégories de stratégies applicables au niveau de la ferme: l’amélioration de l’efficacité énergétique, la séquestration du carbone et la production de biomasse » est-il mentionné dans le rapport.
L’efficacité énergétique illustre les forces et les faiblesses de l’agriculture biologique.
Par exemple, les études basées sur les produits agricoles montrent que la consommation d’énergie par unité de terre est toujours plus faible en production biologique. Mais cette comparaison est parfois plus élevée en production biologique lorsque la consommation d’énergie est estimée par rapport au rendement.
Les cultures de pommes de terre et de pommes génèrent une plus grande consommation énergétique basée sur le rendement, probablement parce que la production biologique de ces cultures n’a pas été aussi développée que celle d’autres produits tels que les grandes cultures et la production laitière. Des stratégies de production améliorées pourraient procurer de meilleurs rendements et une réduction de la consommation d’énergie.
Vu sous l’optique systémique, l’agriculture biologique offre l’opportunité d’intégrer les quatre piliers d’une stratégie à l’égard du réchauffement global : la réduction des émissions des GES, la séquestration du carbone, la production de biomasse et l’adaptation.
Par rapport aux autres types d’agriculture conventionnelle, les bénéfices liés à l’agriculture biologique incluent la réduction de l’érosion des sols, une plus grande séquestration du carbone, l’élimination des engrais et pesticides synthétiques et la réduction des émissions d’oxyde nitreux et de méthane.
L’étude met principalement l’emphase sur les réductions d’impact mais il s’y trouve une section qui indique que les systèmes agricoles biologiques représentent aussi une forme d’adaptation.
Les réductions d’impact impliquent de prendre action pour réduire les émissions de GES, comme en utilisant moins de pétrole, d’essence ou d’autres carburants fossiles. L’adaptation implique d’établir des stratégies pour tolérer les effets des changements climatiques, comme en développant la matière organique des sols pour permettre une meilleure croissance de la plante au cours des périodes de sécheresse ou lors d’inondations.
“Comme l’agriculture biologique permet de mieux protéger les ressources du sol et assure une adaptation plus souple à des conditions de basse humidité, le recours à la production biologique comme mesure corrective des terres cultivées…est une stratégie réaliste pour le développement du secteur, » cite le rapport.
En se basant sur l’utilisation globale de la terre, la production biologique est plus efficace parce qu’elle ne réduit pas la qualité de la terre et requiert des niveaux plus bas d’éléments nutritifs et d’énergie provenant de l’extérieur de la ferme. « Conséquemment, l’agriculture biologique est mieux positionnée pour s’adapter à des chocs de prix et aux pénuries potentielles associées aux engrais synthétiques d’azote et de phosphore. »
Les solutions de rechange biologiques incluent l’azote biologique, présent dans le fumier, les légumineuses et les engrais verts – les cultures produites pour être enfouies dans le sol.
L’étude indique qu’il est prouvé au Canada que le fumier de bovins composté souvent utilisé par les agriculteurs biologiques produit des émissions significativement plus basses de méthane que le fumier empilé et les boues liquides. « L’aération dans le processus du compostage réduit la production de méthane, qui est beaucoup plus élevée dans le fumier en tas, particulièrement le fumier liquide, » dit McRae.
L’étude indique que le secteur biologique du Canada a progressivement réagi aux initiatives collectives, d’où l’opportunité d’adresser la question de l’efficacité énergétique à l’échelle nationale.
La quantité et les types d’énergie disponibles détermineront vraisemblablement quelles stratégies seront les plus adéquates dans le futur. « Plus la production d’intrants à base de pétrole sera assujettie à des contraintes, plus les processus biologiques, tels ceux favorisés par les systèmes biologiques, seront favorablement perçus. »
Rédigé par Steve Harder pour le CABC comme premier article basé sur l’étudeRédigé par Steve Harder pour le CABC. Pour davantage d’information : 902-893-7256 ou oacc@dal.ca.
Affiché en octobre 2010